« A découvert bien avant la fin du mois » Près de 2 000 personnes ont manifesté dans les rues de Caen
i 18 février 2008
Défilé pour les salaires et le pouvoir d'achat derrière une banderole intersyndicale : les manifestants étaient 1 200 selon la police, 2 200
selon les organisateurs.
« A découvert bien avant la fin du mois »
Près de 2 000 personnes ont manifesté dans les rues de Caen, samedi, à l'appel de la CGT, CFDT, Unsa, Union syndicale Solidaires (Sud) et FSU.
Revendications : hausse des salaires et du pouvoir d'achat.
Smic. « Treize ans chez Armand-Thierry, à Mondeville, treize ans de Smic. Alors qu'au
travail, on nous en demande de plus en plus. En même temps, depuis le 1er janvier, on nous
a retiré les jours enfant malade, les vêtements gratuits pour travailler. Pourtant la société
réalise des bénéfices. » Sandrine, 45 ans, déléguée CGT.
Charges. « De plus en plus de salariés sont payés au Smic. Tandis qu'on assiste à une
réelle flambée des prix : loyers, produits vendus dans la grande distribution, franchises
médicales... Autant de charges incompressibles. Beaucoup de gens ne peuvent plus faire
face, sont en découvert à la banque bien avant la fin du mois. » Franck Merouze, CGT
Commerce, membre du bureau départemental.
Prix. « Ce mois-ci, j'ai gagné 4 € de moins. Mes cotisations pour la mutuelle ont augmenté.
Avec la hausse des prix, on a une paie qui diminue tous les mois, en faisant le même travail.
Je touche 1 500 € nets, sur 14 mois, pour 25 ans de carrière. Pas la fortune. » Xavier, 47
ans, employé de bureau à la CPAM (Caisse primaire d'assurance maladie).
Conflit. « Je suis venu par solidarité. Chez Benoist-Girard, nous avons eu 3 %
d'augmentation générale. Le personnel s'est mobilisé. Le patronat doit aussi accepter de
discuter : la voie de la négociation aurait été préférable. Notre conflit est révélateur d'une
situation générale. Les salariés veulent une répartition des richesses mieux assurée. »
Robert Provost, délégué CFDT chez Benoist-Girard (300 salariés, prothèses orthopédiques),à Hérouville.
Retraites. « Retraites pas plus de 1,1 % : le gouvernement a d'abord ses riches à
satisfaire », proclame la pancarte que brandit Claude, 66 ans, retraité de la métallurgie. « Je
touche 900 € ; ma femme, 350 €. Notre loyer : 560 €. On serre les ficelles : sorties, utilisation du véhicule, achats de vêtements. Plus ça va, pire c'est. Les mesures du gouvernement ? Je n'y crois pas tellement. On ne peut pas croire un homme comme Sarkozy. Il pense à lui, mais ne voit pas la misère qui s'accentue en France. Ou alors ne veut pas la voir. »
Décents. Institutrice, Virginie n'est pas une habituée des manifestations. « Je participe à
celle-ci pour que les gens aient des salaires décents. Je travaille dans un secteur de grande
pauvreté. Les familles sont en difficulté. Plus qu'avant. »
Vivre. « Autofinancer notre pouvoir d'achat avec notre participation ? Non ! » Ou encore :
« Si j'ai un sale air, c'est à cause de mon salaire. » Les formules barrent les panneaux des
employées de Monoprix. Parmi elles, Laurence, une hôtesse de caisse de 44 ans. « Nos
salaires ne nous permettent pas de s'offrir le plaisir, de pouvoir vivre comme quelqu'un qui travaille. Avant on pouvait s'offrir un resto, des vacances tous les ans, une voiture.
Aujourd'hui, on travaille pour payer les factures. Il serait temps que cela bouge. »
Virginie JAMIN.
Ouest-France
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